:Fait à Tours, le 20 janvier 2024 - Par Yves MASSOT
La densification urbaine présente des avantages comme la limitation de l’expansion de la ville, le renforcement du lien social. Elle minimise l’occupation des terrains disponibles, réduit la distance des trajets domicile-travail, facilite les transports en commun et favorise la proximité des services publics. Inversement, elle peut avoir des effets néfastes sur la qualité de vie, et en particulier sur la congestion de la circulation automobile, la diminution de la végétalisation, l’imperméabilisation des sols, la pollution de l’air, et les nuisances dues au bruit, à l’éclairage, aux ondes, aux déchets. Pour résoudre cette dichotomie, plusieurs pistes sont à explorer.
Tous les lieux de vie et les centres d’activité doivent favoriser, développer et pérenniser la mixité sociale. Au-delà des discours, des intentions et des textes, cet enjeu sociétal nous concerne tous, car la diversité est enrichissante et soutient l’inclusion. Dans le cas contraire, l’exclusion, l’isolement, le sectarisme voire le communautarisme gangrènent nos villes et engendrent le désordre.
La planification urbaine intégrée garantit une densification équilibrée. Elle oblige à évaluer les besoins en logements, en espaces verts, en transports, en écoles, en équipements sportifs et culturels. La programmation est déterminante pour créer des quartiers complets et judicieusement harmonisés.
Le design urbain remet les usagers au cœur des projets d’agencement. Le principe consiste à concevoir des endroits conviviaux, qui enrichiront considérablement le cadre de vie. Ainsi, les rues piétonnes, les pistes cyclables, les aménagements publics attrayants, les choix du mobilier citadin, et les infrastructures propices à la marche et à la promenade concourront à construire une ville agréable à vivre.
Un réseau de transport en commun performant réduira drastiquement l’usage de la voiture, le bruit, la pollution et les installations nécessaires au stationnement. La diversité de l’offre de service[1], le maillage, la multimodalité, la vitesse commerciale et la fréquence renforceront l’attractivité de ce mode de déplacement. Plusieurs campagnes de sensibilisation et de communication favoriseront le changement. Depuis le 1er janvier 2020, les employeurs de plus de 50 salariés se voient imposer l’obligation d’améliorer les mobilités quotidiennes de leur personnel. Cette disposition réglementaire permet d’organiser le covoiturage ou l’utilisation des modes doux. Cette disposition réglementaire permet d’organiser le covoiturage ou l’utilisation des modes doux.
La préservation des espaces verts et l’implantation de parcs, de zones d’agréments, de mini-forêts, de parvis de rencontre, de jardins familiaux, et d’aires de jeux pour la petite enfance enrichissent le cadre de vie. L’ombrage et la transpiration des végétaux créeront des ilots de fraicheur. Ils pallieront les effets du réchauffement climatique et de la minéralisation des sols.
La mixité fonctionnelle intègre des usages diversifiés dans un même quartier comme les résidences, les commerces, les écoles, les bureaux, dont le coworking, les lieux de loisirs, les équipements publics, et les activités de services. Ils concourent au dynamisme de l’agglomération et réduisent les déplacements.
La conception et la réalisation de logements décents à loyers modérés garantiront la pluralité socio-économique dans la ville. Le nombre d’appartements vacants croît depuis 2023 et à ce jour, l’INSEE en recense trois millions en France. Les récents sinistres démontrent que l’état des logements n’est pas toujours à la hauteur de l’attente des locataires. Les caractéristiques de l’hébergement et son environnement proche jouent un rôle prépondérant sur la qualité de vie. La rénovation urbaine doit tenir compte de ces critères, mais également des actuelles obligations de la construction et de la participation citoyenne. Ainsi, les idées et préoccupations des habitants facilitent le façonnage des quartiers afin qu’ils correspondent à leurs aspirations et à leurs besoins. Les solutions novatrices proviennent souvent de néophytes, de l’observation des usages, de l’expérience et du bon sens populaire. C’est aussi un moyen efficace pour une meilleure appropriation des nouveaux aménagements.
L’utilisation de l’espace, la conception de bâtiments fonctionnels, la construction d’infrastructures verticales et la rationalisation de l’emploi des surfaces et des volumes concourent à éviter des monuments disproportionnés tout en répondant aux desiderata des résidents. La folie des grandeurs assouvit les égos, mais est dispendieuse.
En conclusion : ces principes et la réglementation en vigueur[2] permettent de mener une politique de la ville vers une densification équilibrée, d’améliorer la qualité de vie et de garantir un développement urbain durable. Entasser des familles dans des barres d’immeubles, des tours ou des cités dortoirs n’est plus admissible. Rappelons que 2/3 des Français possèdent une maison individuelle ; cet habitat fait partie intégrante de la mixité résidentielle et du pluralisme urbanistique.
[1] L’offre de service = l’accessibilité, l’information, la durée, l’attention portée au client, le confort, la sécurité et l’impact environnemental.
[2] Les principaux plans, schémas et normes applicables à un territoire = Le SRADDET s'élabore au niveau régional, le SCOT, sur une communauté de communes. Le plan climat, air, énergie du territoire, le plan de déplacement urbain, le plan local d'urbanisme de la métropole, et le plan local de l'habitat sont établis par la communauté de commune ou la métropole.
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